Les gouvernantes 

Les gouvernantes

Extrait

(Champ Vallon, 1992)

« Tous les étrangers ne sont pas dévorés en une après-midi. Elles ont aussi des amours, de vraies amours qui durent, avec leur commencement, leur point culminant et leur inexorable chute. Au début de leurs amours elles ruissellent de joie. Vers le milieu, la souffrance glisse en elles ses longues et fines aiguilles. Quand elles rompent, c’est que l’amour a vécu ».

« Le monde, soudain, semble se résumer ici, dans ce théâtre de marionnettes. Au travers des frasques rêveuses des gouvernantes, se dessinent ces sentiments que nous nous efforçons d’étouffer lorsqu’avec trop d’insistance ils viennent importuner nos vies hâtives ; ainsi la nostalgie d’existences que nous ne vivrons jamais, ou encore l’inquiétude que peuvent susciter la précarité et la pesanteur de nos relations avec nos semblables (…) Le pouvoir singulier de ce livre, c’est de provoquer l’imagination ». 

Le Monde, Florence Sarrola, 13/03/92

« Les gouvernantes sont belles : elles ont toutes trois des robes jaunes, le soir, au fond du parc. Les gouvernantes sont gaies : elles battent du tambour, dansent sur le perron, lèvent les bras en poussant des cris affreux qui font rire tout le monde. Les gouvernantes sont folles : elles grimpent aux arbres, elles griffent les ronces, se couchent dans le lit froid de la rivière « qui saisit le corps comme le ferait une main ». Les gouvernantes sont éperdues de désir : à travers la grille du parc, elles offrent aux passants une fesse, un sein, une bouche. Les gouvernantes sont féroces (…) »

Marie Claire, Paula Jacques, mars 1992