Au cœur d’un été tout en or

Au cœur d’un été tout en or

(Le Mercure de France, 2020)

Extrait 

« Qui ? Un pâle visage entouré de lourdes odorantes fourrures. Dès son entrée dans la salle où doit avoir lieu la projection d’un film, son regard croise le mien. Elle bavarde avec des amis mais à plusieurs reprises tourne la tête vers moi. Je me demande si nous nous sommes déjà rencontrées, je n’ai aucun souvenir d’avoir déjà vu cette jeune femme qui ne doit pas avoir plus de vingt ans et porte une sorte de manteau des années trente. C’est elle qui vient vers moi avant que la projection ne commence, d’un pas décidé, avec un port de tête que je trouve royal : Je suis Ethel Clark, me dit-elle, la fille de Meagan Clark, je vous ai vue chez mes parents à Londres il y a une quinzaine d’années, mais vous voyez, je ne vous ai pas oubliée. Et elle sourit ».

 

« Chaque livre d’Anne Serre se déploie comme la poursuite d’un rêve ou d’un souvenir, d’une énigme, d’une image ou d’une phrase qui la hantent et l’intriguent. C’est le cas d’Au cœur d’un été tout en or. La plupart des histoires de ce recueil, distingué en mai par le Goncourt de la nouvelle, commencent par l’incipit d’un texte de sa bibliothèque. Anne Serre qui a écrit son dernier roman en date, Grande tiqueté, dans une langue entièrement inventée, n’est pas seulement inclassable, elle est habitée. Et ce, par le monstre le plus terrible qui soit : la littérature ».

Lire, Gladys Marivat, Juillet/août 2020

 

« On y croise un braconnier, une correctrice d’édition, l’énigmatique Wladimir, une actrice malgré elle, une ancienne amie retrouvée, Lottie et son sourire à la Audrey Hepburn, un écrivain qui rêve de tuer un éditeur indélicat… Anne Serre passe du « je » au « il », du masculin au féminin, acrobate et virtuose des sentiments et des destins (…) Un écrivain d’une créativité redoutable ».

Le Figaro, Thierry Clermont, 11 juin 2020

« Dans ce recueil de trente-trois textes brefs, incisifs, sybillins, Anne Serre dispose, comme les pièces biscornues d’un puzzle, quelques moments de sa vie et les assemble sans qu’on sache où s’arrête la vérité, où commence l’affabulation (…) Ce livre ressemble à l’ombre ricanante et contondante qui, dans une des nouvelles, se promène sur une route de la campagne anglaise, sous un ciel pourtant bleu et sans nuages (…) Dépêchez-vous de lire cet autoportrait en trompe-l’œil, en abyme, en accéléré et androgyne. C’est un régal ».

 L’Obs, Jérôme Garcin, 4 juin 2020

«  Dans ces petits textes, laissant son imagination glisser au fil de l’onde, Anne Serre nous parle avant tout de la vie et de la littérature – et indirectement de son écriture -, la réalité et la fiction s’entrecroisant dans un tissage inextricable. Les sobres observations du narrateur, ses réflexions imagées et pénétrantes nous introduisent ainsi dans un monde mystérieux, insoupçonné (…) Elles nous font entrevoir l’invisible, l’innommable (en sons sens étymologique d’informulable), comme à l’héroïne narratrice de My God qui « regarde quelque chose mais ne sait pas quoi » et se demande toujours ce qu’elle a vu ».

L’Or des livres, blog, Emmanuelle Caminade, 27 mai 2020