Eva Lone

Eva Lone

Extrait

(Champ Vallon, 1993)

«  Lorsque la famille a épuisé son peu de ressources et qu’il lui faut à nouveau gagner quelque argent, Greta descend avec son père le piano sur la place centrale de la ville, y installe sa mère, remonte chercher violoncelle et tambour, et de sa voix acide et impérieuse annonce à la cantonade le petit spectacle. Les garçons fascinés par cette mince petite fille rose et noire, par ses fines mâchoires serrées et le jupon qui mousse entre ses jambes, la suivent comme de bons chiens. Les femmes, piquées au vif, la suivent aussi. Voilà donc une certaine foule massée sur la place, tandis que sous les tilleuls auxquels Greta a accroché des lampions, le concert commence. Le piano est monocorde, le violoncelle furieux fait des embardées ou se contraint tant qu’on le dirait muselé, mais au centre est le tambour, vif, nerveux, qui frappe et frappe encore, tenant tout son monde en respect ». 

 

« Au centre du jeu, l’auteur a placé Eva Lone, sorte de fée éponyme, exquise silhouette blonde éternellement gantée (…) Autour de la déesse évoluent de jeunes êtres bien moins sereins : Greta Elysée, frêle et volontaire jeune fille, fonce droit devant, sourcils froncés, sans se séparer de son tambour d’enfant. La pataude Hélène Quinn, adolescente disgracieuse, semble hésiter aux portes de l’âge adulte. Quant à Marin Pêcheur, gendarme et poète, il musarde entre ville et prairies, un bleuet entre les dents ». 

La Croix, Nathalie Crom, mars 1993

« Ce que l’auteur contrôle si habilement, c’est la façon dont chacun, quel que soit son malheur, petit ou grand, sait en tirer parti. Même la mort des êtres chers devient une délivrance, l’occasion de refaire une vie. Cynisme ? Non, plutôt refus d’admettre la souffrance. Désir de la transformer ». 

Marie Claire, Marie-Caroline Aubert, mars 1993

« Dans une phrase du Rouge et le Noir demeurée célèbre, Stendhal définissait le roman comme un miroir promené sur une grand route. Ici, le miroir se promène au plus intime d’une personnalité exceptionnellement complexe ». 

La République du Centre, Clément Borgal, 16/02/1993